« C’est un gros mot chatte?
- hein? (dans ma tête : oh non on est pas déjà rendus là par pitié non! moi je suis pas prête en tous cas!!)
- cheut
- ben ça dépend c’est quoi la phrase?
- je sais pas c’est en anglais
- aaaaah (respire, immense soulagement) ok où t’as entendu ça? shut? shut up?
- …  (me fait écouter un gars en live qui parle au public en disant de « drop your SHITS here… »)
- là t’entends il dit CHEUTTE!!
- il dit « shit »… mais tu dis pas ce mot à l’école s’il vous plait merci.

Rentrée professionnelle.
faite
(c’est pas mal finalement de tout prendre avec une énorme distance, aka j’en ai un peu rien à foutre, d’être très confortable dans ses tâches pcq rien de nouveau, juste tu fais ce que tu sais faire, et tes payée cher pour apporter ton expérience et leur filer tout ce que t’as appris chez d’autres. Jusqu’à quand ça va durer? La question reste entière pcq j’ai déjà pas mal fait le tour hein. Pour l’instant j’ai 6 mois d’objectifs mais quand ils seront fait ben… ça va être long)

Rentrée du petit enfant chéri: 

faite
(ça grandit ces petites choses. tu cherches encore à les protéger, mais à peine un pied dans la cour de l’école, que tous les boys se retrouvent ensemble dans un pti tas, t’essaye de voir la classe et après t’attend derrière toute seule comme une conne. Je pars? Je reste? Je fais quoi?)

jour1: vous avez fait quoi? 

On a lu.
ok

jour 2: vous avez fait quoi aujourd’hui? 

On a lu.
ok ben ça va avancer vite le programme, à ce rythme.

jour 3: j’imagine que vous avez passé toute la journée à lire aujourd’hui?…

« les 6e années ils nous ont embeté aujourd’hui »

ça y est ça commence.

travaux des balcons : en cours
comme d’hab, qui qui s’occupe de tout? c’est bibi, et ça me casse les bonbons.
et c’est la merde avec les abrutis du rdc.
« et mes plantes ?»
tes plantes elles sont moches, tu t’en occupes pas, elles ressemblent à rien, alors viens pas me faire chier avec tes 3 buissons. Si tu tenais aux jardin de marie antoinette fallait le dire avant, et faire le nécessaire pour les protéger.
Bon, malheureusement j’ai pas pu dire tout ça. Exactement comme ça.
j’ai dit, c’est des vivaces, ça va repousser après l’hiver.
l’autre qui veut nous entuber sur les frais de copro.

papiers à signer pour la vente des actions: reçus.
enfin c’est pas trop tôt ne devrais je pas dire.
est ce que je les emmerde un peu?
est ce que je suis reloue?
est ce que je signe sans poser de questions?
la soixantaine de milles ramené aux 10 dernières années de labeur c’est pas si cher payé finalement.

Mais dis donc? on serait pas sur une semaine de productivité maximale ?
c’est la lune? les grandes marées ? Jupiter?
chaque sujet amenant son lot de stress et autres contrariétés bien sûr, sinon c’est pas marrant.

Ah j’ai toujours l’oreille bouchée.
tout peut pas être parfait hein.

il a dit « tu sais le truc là… pour les travaux… la pâte de chèvre là…
- hein? la pâte de quoi?
- mais là sur le balcon!!!
- le pied de biche ? »

J’ attends comme une paria dans la « zone tiède ».
il m’a dit « vous avez de la fièvre? »
j’ai dit je sais pas peut être.
ok vous mettez un masque et vous attendez dans la zone tiède.
c’est la zone derrière un faux mur, en bâches de plastiques, comme dans les films quand y’a une zone de crime dans le Minnesota, ou qu’ils font les autopsies directement sur site après avoir découvert un extraterrestre. (génération xfiles)
je suis toute seule avec une poubelle.
tout ça parce que je souffre depuis… 17h.
17 longues heures de souffrances pour une bip d’otite de bip.
Qui fait des otites adulte franchement ?
l’infirmière s’est habillée comme si j’avais la lèpre,
c’est peut être un peu intense.
calmoss bambinoss.
« aaaah ouééé... Nan mais y’a tellement de pus que je peux pas voir le tympan».
aaaah cool cool cool.
donne moi bien des détails surtout.
moi j’ai mal, je veux juste un truc pour plus avoir mal. Pas besoin de connaître la compo de l’intérieur tsé.
Vous vous sentez vaseuse? fatiguée ?
Ben à ton avis? j’ai mal non stop et pas dormi de la nuit donc j’ai connu des jours avec plus de pep’s jte dirais.

Ensuite à la pharmacie j’ai gardé mon masque.
Pcq j’aime faire mon intéressante et je veux que tout le monde voit bien que je suis malade et que je souffre. Le fin fond de l’oreille c’est pas assez voyant à mon goût.
j’attends mon antibio.
je sais pas de quoi se plaigne les gens. Le secret c’est vieillir, devenir à risque de plein de choses, avoir un médecin de famille et hop.
En 10 ans ici je n’ai jamais eu un rdv médecin aussi rapidement. Tout va bien pour moi avec un réseau de la santé en crise.
(j’attends la nouvelle grève des enseignants cette année avec impatience)

Ma ptite collègue mémé Djé ne maîtrise pas vraiment Teams (euphémisme).
m’a dit que j’avais une « vision de manager »
m’a dit « je regarde mes e-mails au 2-3 jrs » (whaaat?)
n’a jamais le temps de rien et soupire dès que je pose une question. Pas pcq ça la fait chier (elle est gentille et polie) mais juste pcq « elle a le temps de rien ». Comment je peux lui dire ?
que j’en ai rien à foutre, que c’est pas un argument et que tu vas te mettre une pile, allez hop hop dynamique, tu vas voir c’est magique tu vas avoir le temps.

16h00 ça commence à partir.
ça me sert un verre de blanc pendant que je suis en train d’essayer de comprendre la methodo de mémé Djé.
personne partage rien, ça boit chacun a son bureau, je vois pas l’intérêt. Jamais compris cette coutume locale.
bref
17h00 tout le monde part.
18h je suis la dernière avec mémé, so… je pars aussi.
je me suis fait 1 seul copain qui me parle le midi. il parle beaucoup.
vraiment beaucoup.
(je pense qu’il saoule tout le monde et que les autres l’aime pas trop)
je pensais qu’il était gay et j’ai appris qu’il « attend un bébé avec sa copine »
ah.
sorry.

bilan de cette 1ere semaine:
je suis une employée de bureau.
pas de stress, de la distance, et un bon salaire.
que demander de plus?

(me demande si ça va pas vite me saouler)

Et c’est là que je me demande ce que je fous ici.
au 3e jour de cette nouvelle ère.
je travaille au centre ville. Business area.
Entourée de pti cons de banquier de merde avec leur pantalons en toile, chaussures pointues, et les avocats leurs chemises manches retroussées pcq on est relax et qu’il fait chaud.
y’a plein de touristes en short aussi.
et moi qui fait des factures pour que d’autres engraissent d’autres encore plus gros.

Au moins ici on est pas regardant sur les chichis et les apparences. y’a pas de branlette intellectuelle ni d’opposition de classes.
rapide efficace, pas beau pas grave, cash in.

Et même en me cachant dans le gros food court impersonnel d’une tour adjacente, j’arrive à m’asseoir à côté de parents que je connais…
la tuile… je pouvais pas changer de place tout en les saluant.
piégée avec mon poké.

Pour ce faire je dois travailler avec une vieille qui comprend pas tout, à peine un ordi.
qui fait ce qu’on lui dit sans se poser de questions.
une gentille madame que je chamboule dans sa petite routine. Qui le prend avec le sourire pour le moment, mais pour combien de temps?
Quand elle m’a écrit une blague, que je lui ai répondu "lol" pour être polie, qu'elle m’a dit qu’elle savait que je la comprendrais pcq "on a la même personnalité"... ça m’a fait un petit pincement. N’allons pas jusque là c’est un peu vexant
je crois qu’elle m’aime bien c’est con.
elle me ralentit plus qu’autre chose. 

je dois attendre qu’on s’occupe de mon ordi.
c’est assez difficile de passer de 100% seule pour tout faire, s’occuper de tout, se démerder pour tout faire marcher, à finir assistée pour tout et attendre que ça se passe.

mes collègues sont… concons? j’en sais rien.
en vrai je leur parle pas et les évite le midi.  Ils me le rendent bien puisque personne me parle non plus. 

je me donne jusqu’à Noël.
quand y aura la neige et que ça cassera les nougats d’y aller.