mercredi 23 février 2011


Il se trouve que l'hôpital est un univers totalement inconnu pour moi. Mais la vie te rattrape toujours un jour ou l'autre n'est-ce pas.
Quel ne fut pas mon bonheur donc de pouvoir cocher une nouvelle case dans ma liste d'expériences (de la vie).

La dernière fois il y avait cette dame qui avait rdv à 10h, mais qui était déjà prête devant le bureau du docteur à 8h30.
? WTF?
Malgré un fort accent espagnol elle avait décidé de me parler à moi. Beaucoup parler. J'ai dit oui quelques fois, hoché la tête aussi en souriant poliment. ça a eu l'air de suffire.
J'ai pas compris un seul mot.

Le "grand jour" donc, je suis arrivée à midi. Après avoir erré dans les couloirs vides et demandé mon chemin à 3 personnes, qui t'indiquent mollement la direction d'un bras mou, lassées de devoir répéter toujours la même chose à longueur de journée. J'ai attendu sur les fauteuils orange comme on m'a "gentiment" demandé. "vous attendez là on viendra vous chercher!"
Assis pas bouger!
Yeah.
Une infirmière pris alors mon dossier, et m'installa dans une chambre.
Ou plutôt une "chambre". Une grande pièce froide, rien de très cosy, avec non pas des lits mais 2 fauteuils. Des fauteuils multifonctions certes, qu'une fois que t'as appuyé sur la télécommande pour monter le repose pieds, ou descendre le dossier c'est super l'éclate (j'avoue que j'ai bien passé 10 min à me bidonner toute seule en abaissant bbbzzzzzzzz.... ou remontant bbbzzzzzzz... puis rabaissant bbzzzzzzz...), mais le genre de fauteuil qui fait surtout penser à un hospice de vieux et qui donc me dé-goute.

Une fois que j'avais enfilé ma chemise en papier, mes petits chaussons bleus, que l'infirmière (pas belle) avait noté dans mon dossier que j'avais une tension au top, elle m'a gentiment dit d'attendre, qu'on viendrait bientôt me chercher.
2h après.
2h c'est pas trop ce que j'appelle bientôt mais bon. Elle m'avait dit de bien me nettoyer le visage et les avants bras "avec ce produit", de bien ranger mes affaires dans le placard, et d'attendre. Alors j'ai attendu docilement. C'est fou ce que je peux être obéissante quand je suis mal à l'aise dans un environnement totalement inconnu. Et je n'avais plus rien pour m'amuser.
J'avais pris un livre, bien consciente qu'il m'eut fallu de quoi patienter, mais c'était sans compter le cachet magique qu'elle m'a filé sans que je réalise. "Pour vous détendre" qu'elle m'a dit. La vache! Elle m'en a filé la moitié, un tout petit bout de tic tac, j'étais déjà en train de planer.
L'attente fut longue certes, mais j'étais totalement stone et à moitié en train de dormir. Le rose saumon des murs ne me dérangeait même plus c'est dire.
2h là toute seule, nue comme un petit vermisseau j'étais, je me pelais les miches oui!
Sans compter qu'à 15h je commençais à crever sérieusement la dalle, (à jeûn depuis minuit, pov' bichette), lorsque le grand brancardier est arrivé (Patrice grand antillais fort et musclé...), il m'a couchée, bordée (si si le petit drap, la petite couette, attention sous le menton, voi-là), et en route Monique! Il m'a fait rouler dans les dédales interminables en étant beaucoup moins attentionné que je ne l'avais cru. Il roulait à fond ce grand malade, je me cognais toutes les barres de seuil, paf, (je sus heureusement contenir un certain fou rire, mon inconscient m'indiquant qu'une course de lit à roulette devait être drôlement l'éclate!)( à rajouter sur la liste des trucs à faire avant de mourir. Juste après "jouer avec des chimpanzés".)
Sauf que le brancardier lui, il se trimballe des lits toute la journée, ça l'amuse plus trop de faire la navette bloc-chambre, donc il est plus trop attentif, arrivée à l'ascenseur il a failli me rater et m'envoyer dans le mur!!!

Mais toujours dans un état de douce torpeur, au chaud dans mon lit roulant, je voyais défiler les dalles de faux plafonds vieilles et tachées, les halogènes jaunes... je sais!!! Soudain le Dr Ross me prit la main pour m'accompagner dans les derniers instants de ma vie, après une lutte acharnée de 2 ans contre une leucémie foudroyante, il était resté prêt de moi malgré l'heure tardive et la fin de son service. Dans ses yeux remplis de larmes je vis une dernière fois la passion et la douceur de ses lèvres... L'effet du tic tac magique.
En vrai j'étais dans un coin, derrière une porte battante, le brancardier m'avait posée là, et s'était barré sans rien dire. Le salaud.
C'est la main glacée de l'anesthésiste et ses 2 yeux ronds, plantés au-dessus de moi qui me réveillèrent: "BONJOOOOUR! Alors qu'est-ce qu'on fait? De quel côté? C'est quoi votre nom?"
Merci de procéder à plusieurs vérifications en effet. J'aurais pas aimé qu'on me pose un anus artificiel sans mon consentement.

Une fois au bloc, préparée, branchée de partout, j'ai jamais su avec quoi il m'avait encore plus fait planer. C'était boooooon. Tu es conscient de tout, mais t'as pas la force de parler. Tu réponds si on te parle, mais tu peux à peine articuler. Bref t'es bourrée, mais sans les effets désagréables de l'excès d'alcool. Faut que je me renseigne pour me procurer ce produit, de bonnes soirées en perspéctives...
Ce que j'ai vu surtout, c'est que dans un bloc, c'est à la chaine, t'es juste un bout de viande sur lequel faut charcuter un truc, c'est horriblement impersonnel. Certains sont gentils (l'anesthésiste), mais on te calcule à peine. Leurs gestes sont mécaniques. Ils se racontent des blagues entre eux. T'as juste envie de leur dire que héHO! t'es pas une terrine de lapin, mais un être bien vivant qui a conscience de tout, même s'il ne sent absolument pas (c'est beau la médecine moderne), qu'on lui enfonce une lame de 11 dans l'oeil.

Grande déception, je ne me rappelle plus de rien. Je sais qu'il m'a dit à la fin de revenir la semaine prochaine pour enlever les fils, mais ni au revoir, ni merde, il balance ton lit presque d'un coup de pied et hop au suivant. Impersonnel j'te dis.
On m'a mis dans la salle de réveil, avec un type à droite et un vieux qui respirait comme Vador à gauche, que j'ai préféré ignorer. Dégueulasse. J'avais un truc qui sonnait très fort au-dessus de ma tête avec un pti coeur clignotant. Je me suis concentrée, ai essayé d'arrêter de respirer, mais j'ai pas réussi à avoir la ligne droite et le bip continu pour que les infirmières et le Dr Ross viennent en catastrophe me faire NFS, chimie, iono et 3 cc de physio.

Le grand brancardier antillais m'a ramenée mais je me rappelle plus. Je sais qu'il m'a tenu fermement contre son torse viril et musclé quand je suis descendue du lit. J'ai dit que ça allait, mais il a bien fait parce que je ne sentais pas grand chose, j'aurais pu m'écraser comme une merde molle. Il m'a rebordée dans le fauteuil de grand mère grabataire (mais avec télécommande). Et j'ai attendu là, que les effets s'estompent doucement.

Ensuite, comme la perf était vide, et que le sang de ma main remontait dans la seringue, j'ai demandé à l'infirmière (un bouton de fièvre lui avait poussé sur la lèvre entre temps...), si elle pouvait me l'enlever. Elle l'a fait, en appuyant et enfonçant encore plus l'aiguille, elle m'a fait un mal de chien la radasse!
Je commençais à en avoir pas mal marre d'attendre sans rien faire, sans avoir aucun contrôle de rien. Et ne supportant plus le ton monocorde et infantilisant des infirmières, tellement habituées qu'elles sont à répéter 200 000 fois par jour si ça va MadÂme en criant très fort parce qu'elles ont plus souvent à faire à des mamies sourdes qu'à des jeunes filles belles et fraiches en pleine possession de leurs moyens comme moi, j'me suis barrée. (avec un énorme pansement sur l'oeil. Appelez moi Chef des Pirates.)

Mais sinon ça va bien hein!
J'ai combien de doigts?


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