Dans 10h je suis dans un avion. Non pas pour des vacances (pour ceux qui n'avaient pas bien compris et qui tombent des nues quand je reponds "jamais" à la question "tu rentres quand?"), non pas pour 3 ans (comme se plait à le répéter sa mère à toutes les personnes qu'elle croise (même au caissier du Spar!!!), mais pour un bon vrai départ. 

Tout laisser et tout recommencer.
Ma dernière semaine je l'ai passé dans une ville que je commence à connaître certes, mais qui n'est que synonyme de vacances, une ville qui ne m'est pas pour autant familière. Sans appart depuis une semaine, je dors ici et là et ai passé mon dernier trajet parisien dans un quartier que je ne connais pas. Je n'ai donc pas fais de pèlerinage. Je ne me rends toujours pas compte que je quitte tout ça.
J'ai le sentiment que je pars en vacances. Pour longtemps. 

C'est peut-être seulement quand je deprimerai (à cause de cette neige de merde), que je réaliserai alors que je n'ai nulle part ailleurs où aller, pas de billet retour.
Je passe la dernière nuit française dans un appartement où mon corps me fait comprendre mon intolérance au chat. 
Allergie totale. Je n'arrive plus à respirer. J'espère juste pas crever cette nuit dans mon sommeil. 

Asphyxiée.

(comme une merde)

J'aimerais être vielle pour pouvoir (me débarrasser) refiler plein de merdes, en faisant croire que c'est un "cadeau", et que personne n'osera refuser.
Je repars d'ici avec un bonnet, 3 écharpes, et des gants. 

Rien d'adapté à la-bas evidemment.

Je ne sais pas ce qui est pire: 2h de voiture avec la musique d'NRJ ?

ou les conversations sans fin de belle maman.

Cette tournée d'adieu en terre des ancêtres... j'ai l'impression d'être Johnny H.
Je sais pas s'ils savent que Montreal est un pays civilisé. Ils nous font manger comme si on partait les 6 prochains mois dans un camp de refugiés philippins.
Heureusement le PSG est qualifié. Ici c'est?

Si on regarde bien... Je vis actuellement mon dernier mardi français.
(je m'ennuie)

"- J'peux venir me coucher?
- ?
- j'vais pas rester tout seul avec ma mère... Elle va encore me parler...."

La Corse au mois de novembre, c'est quand même glauquissime. Alors sous la pluie...
Sauf à 13h.

Parce-qu'on ne rigole pas avec l'apéro. 

Pour la 1ere fois de ma vie, je regarde un match de l'équipe de france de rugby en buvant un café, assise sur un canapé en moumoute.
APRES avoir diné. Ça change de la bière...

Atterrissage en Corse à 18h30.
Il pleut. ça commence bien.
Déménagement hier. Ma vie sur un bateau.
Croire qu'on est débarrassés une fois que le plus gros est parti, mais devoir encore gérer le reste. Aller-retour, galères de bagages trop imposants. Je suis crevée.
J'espère juste que belle maman va me laisser regarder le match ce soir sans me parler non stop.

Ayé boulot terminé, quitté.
Réunion jusqu'à 18h (l'enfoiré)
Restait plus qu'1h pour tout finir dans le speed. Expliquer et donner les dernières instructions dans le stress.
Des au revoirs distants pour les cons (que j'aime pas).
J'y retourne vendredi prochain pour voir une dernière fois ceux que j'aime.
Ma télé est partie à 19h45. Je n'ai donc plus d'autre choix que de faire ma valise.
Passionnante soirée.

Je suis encore en train de ranger, classer.
A croire que les objets se multiplient la nuit.
On est tellement dans ces histoires de préparatifs depuis 2 mois qu'à force on s'habitue au "départ".
Mais en fait non.
Cette avant-dernière semaine française est passée plutôt vite. On se dit qu'on a encore le temps de finir des trucs si besoin. On s'accroche au calendrier, on se rassure.
Dans 36h, des mecs débarquent chez moi pour mettre ma vie dans un carton.
'tain j'ai envie de chialer.
Et si je perds tout? Si rien n'arrive? Si le bateau coule? Ma vie au fond de l'Atlantique...
Faut encore que je trie. Qu'est-ce que je prends dans la valise? De quoi j'aurai besoin en arrivant? (de rien ma pauvre il va faire -50° bordel !!!)
Cette dernière semaine de boulot est passée trop vite. Jusqu'au bout il va me pomper. Jusqu'à la dernière seconde de présence il va me faire bosser. (il me met une réunion à 15h l'enculé!!!)
J'ai reçu plein de messages de gens, des merci. C'est con mais ça touche.
Demain je les quitte.
J'en suis presque triste.
Cette belle bande blaireaux.

La fête est passée.
Et s'est avérée être... vachement sympa!
Si tu mets de côté bien entendu la différence d'âge et 2 clans bien distincts: 25/30 ans vs 60/70 ans.
J'ai découvert que la "fanfare" pouvait être composée de jeunes gens très beaux et très talentueux.
Après avoir passé la matinée à tout démonter, bureaux, ordinateurs, à vider l'agence, à nettoyer. 
Après avoir déjeuné ensemble et reçu un cadeau de la part de mon chef qui pue.
Après avoir, préparé les tables, coupé, installé (et s'être fait chier parce qu'on avait terminé trop tôt), je suis partie à 18h30 me changer.
J'ai réussi mon coup en évitant ce moment gênant où les premiers invités se pointent trop tôt, où rien n'est encore commencé.
Je suis revenue  1h plus tard, l'agence était blin-dée, et la musique à donf'!
Awsome! (comme on dit dans mon futur pays d'accueil)
J'en garderai un bon souvenir. 
(hé merde)

Je suis présentement en train de vivre le dernier dimanche dans mon lit.
(qui prend le bateau vendredi prochain).
Je ne suis donc pas du tout prête à me lever de la journée.
(C'est pas comme si j'avais des trucs à ranger...)

Je ne sais pas trop quoi compter.
J-4 pour le boulot.
Ou J-14 pour le grand départ.

Mon appart se vide un peu plus chaque jour. 
(je vends tout sur le bon coin)
"Vous gardez l'argent récolté pour tout racheter là-bas?"
Non, on est allés au resto. Un bon. 185 €. On n'est pas là pour déconner. 
(vu qu'on n'est pas prêts de remanger aussi bien).
J'ai mes chaussures pour la neige. Je suis rassurée.
Me reste plus qu'à rendre ma carte vitale. 
J'ai mon remplaçante collé à moi toute la journée. Formation intensive. Je parle, parle, parle. Je suis épuisée.
Il a pas l'air trop bête et comprend ce que je raconte.
Je suis rassurée.
La fameuse fête à l'agence va finalement avoir lieu. C'est confirmé. Les invitations ont été envoyées. Ils attendent 250 personnes... Oh putain. J'ai pas envie d'y aller.

Pendant la réunion organisationnelle de vendredi (à laquelle j'ai fait exprès de ne pas participer, parce que ça ne m'intéresse pas vraiment de connaitre le planning (me barre dans 2 semaines...), mon remplaçante y était (c'est bien là le plus important), et je ne supporte plus de voir l'autre faire son sketch "je suis chef de tout"), ils ont (je m'en doutais un peu) prévu de faire "un petit quelque chose pour mon départ", pour "marquer le coup" qu'il à dit (heureusement que j'ai ma fidèle taupe qui me répète tout...) J'ai d'abord ouvert grand les yeux d'effroi, puis elle m'a rassurée en me confiant que justement, elle s'était tout de suite opposée à cette idée (totalement merdique il faut le dire), indiquant que c'est pas vraiment "mon style", et que je n'apprécierais pas du tout... d'être affichée devant 200 personnes. Que je ne connais pas. (OUF MERCI MON DIEU. Cette fille mérite le paradis.) 
Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre. J'ai peur.

J'ai mon billet d'avion. 
Dimanche 1er décembre 2013.
Décollage 11h10.
Statut confirmé.

C'est bon j'ai trouvé ma remplaçante.
Elle s'appelle Cédric.