Y a des fois tu fais des trucs, tu vois des gens comme ça, et sans faire exprès, tu t'en rappelles tout le temps. Sans savoir pourquoi, sans le chercher spécialement tu sais que c'est gravé. D'autres fois, d'avance tu sais que tu vis un moment exceptionnel, unique dans ta vie. Et d'autres fois encore, tes moments exceptionnels, bah tu les loupes et tu t'en rappelles même pas! C'est dire comme c'était important à tes yeux...
La scène de l'aéroport, le départ, je l'avais visionné mille fois dans ma tête, des jours avant, des semaines avant. J'en avais tellement peur. Est arrivé ce qui devait arriver. Je crois que c'est la 3e fois de ma vie que je pleure aussi fort. c'est pas que ce fut spécialement déchirant, mais juste un moment difficile à passer. Surtout qu'à l'aéroport y a vachement de symbolique avec les portes, la douane, ces espèces de paliers à franchir, pas de demi-tour.
En plus tu pars pour un long voyage, donc pleurer pendant 7h j'avais pas spécialement l'énergie pour, vu la petite nuit passée avant. Alors tu respires, tu reprends tes esprits, tu donnes ton passeport avec les yeux rouges. Tu regardes les gens autour. Tout le monde s'en fout, personne n'imagine un instant que t'es en train de tout lâcher. Que tu te poses dix milles questions, que t'es peut être en train de faire une grosse connerie. Qu'à ce moment là, t'as même plus de clés à mettre sur le tapis roulant du scanner, parce que t'as plus de chez toi, juste ta vie dans 3 valises. Les gens, soient ils rentrent chez eux, soit ils partent en vacances. Ils s'en foutent.
Alors tu respires fort, pour te remettre de tout ça. Pour se donner une contenance. Pour se projeter vers l'avenir. Je suis montée dans l'avion. Notre voisin nous a dit bonjour. On n'avait pas fini de poser nos sacs qu'il commençait à discuter. Vous venez d'où? Vous allez faire quoi au Quebec? Et combien de temps? Et pourquoi? Et là tu dis pour la 1ere fois, que tu pars, tu quittes la France pour t'installer là-bas. Et il ne nous lâchera plus de tout le voyage. Pendant 7h il a parlé. C'était long. Très long. Moi, par chance j'étais pas à côté, donc je faisais semblant de dormir. Même si c'était impossible tant son débit de parole me fatiguait. Pas désagréable, mais juste relou. Alors j'ai mis de la musique. Les dernières chansons que j'avais écoutées. Et ça me faisait comme des flashs, ces chansons c'était les rues de Paris. C'était mon trajet quotidien. Alors je me suis tournée pour dormir un peu (ce qui dans un avion est tout à fait relatif rapport au confort très sommaire), mais c'était trop dangereux pour moi de fermer les yeux. ça montait, montait. Mes yeux se remplissaient de larmes. Je ne pleurais pas. Mes yeux pleuraient tout seuls.
J'avoue aujourd'hui avoir un profond respect pour tous ceux qui partent en PVT. Qui font ça tout seul. C'est pour un temps limité certes, 1 an ça passe super vite. Mais il en faut des bollocks finalement.
Ma situation n'est pas sensationnelle, certaines journées sont longues, mais la vie pour l'instant est loin d'être déplaisante. Je me suis créé une vie, une routine. Tellement de choses à vivre ici. Pas la peine de se plaindre, tout ça je l'ai voulu, j'ai quitté par choix une ville et un pays que je n'aime plus.
Je ne suis pas triste, je n'ai pas de manque ni de nostalgie. Juste quand même un arrière goût de ne pas être chez soi.
C'est pour ça qu'encore aujourd'hui, j'ai peur de fermer les yeux.
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