Qu’est ce qu’on va faire de ce gamin sérieux?

On lui donne tout.

Il ne veut rien.

Il a une chance monstrueuse d’avoir accès à tant d’activités.

Il n’en n’a bien entendu pas conscience, et ne veut rien faire.

Pas d’effort.​

C’est trop dur j’arrive pas gnagnagna.

Sérieux?

Heureusement qu’il y avait le filet parce que c’était moi qui allais le jeter par dessus la clôture.

On a retenté le ski.

Évidemment il a pas voulu.

Je veux que tu viennes avec moi.

Alors moi bonne poire qui n’a pas chaussé depuis 10 ans pcq j’aime vraiment pas ça, et que je lui ai bien dit… je m’en vais payer l’équipement je vais sur la piste, pour la "démonstration de l’effort", etc…

"Nianiania j’arrive pas j’ai peur et il fait froid et si je tombe je vais me casser la face c'est ca que vous voulez que je meurs?..." etc …

Mais ta gueuuuuule!!!!

(Je lui ai pas dit bien sûr mais même 2h après, ouf ça fait du bien fallait que ca sorte on dirait.)

Alors comme à chaque fois, comme pour n’importe quelle activité, ça s’est mal terminé et on est tous rentrés fâchés.

Merci hein, sale ingrat, les vacances au chalet commencent bien.

On a prévu l’activité piscine, qui va finir en engueulade aussi pcq "l’eau ça mouille, et que aaah j’ai reçu une goutte dans la face et tu veux que je me noie et que je meures c’est ça?"

Je connais d'avance toutes ses excuses...

Plus sérieusement je ne sais pas quoi faire, quoi dire. Pcq la discussion bienveillante et les encouragements au bout de 20 min ont raison de ma patience. 

et 20 min je me trouve déjà giga gentille.

Forcement ça évolue ensuite en allez bouge toi petit ver de terre tout mou qui pue gros bébé lala… comme pour essayer d'aller chercher un petit kick de fierté ou d’énervement dans ce petit corps flasque mais... que dalle.

Fallait nous voir, moi semi confiante sur les ski, en train de relever à bout de bras un 25kg de patates mou mou mou, qui faisait pas un soupçon d’effort.

Un vrai plaisir.

Mais regarde fais comme moi, tu plies tes genoux, et tu tournes. 

Tu te laisses glisser, à droite, hop tu tournes à gauche.

Nianianiaaa Je peux paaaaaaas mes skis sont trop louuuuuurds!!!!

Merci jean-claude Dusse.

et Bonne année hein.

Je suis sur le chemin du retour (à contre coeur)
Bilan de ces 48h sans enfant?
beaucoup mieux que prévu.
aucune envie de rentrer.
aucune impatience ou besoin de retrouver le petit relou.
c’est plutôt posi​tif.
je suis bien reposée.
et il va me saouler en moins de 1h c’est garanti.
le silence ça n’a pas de prix.

 je fais du tourisme dans ma propre ville.

petit luxe qu’on ne s’autorise pas assez.

je traine, j’ai dorm​i longtemps. 

je suis allée déjeuner à 10h00.

le petit dej ferme à 10h00.

le party était sympa mais long et paaaas... spécialement mémorable.

je connais pas assez de monde pour avoir des conversations palpitantes.

j’aime pas faire semblant de m’intéresser à une conversation en hurlant, et sauter sur une personne qui passe « oh salut machin » pour s’échapper.

de quoi ils peuvent bien discuter jusqu'à 6h du mat, complètement saouls??

je me sens vieille et en décalage, c'est pas super valorisant.

je sors en ce vendredi.

je me promène là où je ne vais jamais. 

je mange au resto.

je suis tranquille, paisible. 

personne ne m’a appelé 17 fois de suite ou dérangé depuis ce matin.

C'est plutôt agréable comme sensation.

 je suis semi prête,  j’attends que mes cheveux sèchent. 

C'est assez bizarre, j’ai pas l’habitude d’être seule dans une chambre d’hôtel.

Allez j'y vais.  

je suis épuisée d’avance.

ça fait 4 nuits que je dors très TRES peu.

j’ai mal partout.​

la soirée va être (trop) longue.

J’ai dormi 5h cette nuit.

Je ne sais pas si je dois prendre ça comme une victoire.

Je suis en train d’att​endre le bus par moins 15 degrés, pour me traîner péniblement au bureau.

Préparer un party où j’ai pas spécialement envie d’aller.

mais c’est ma seule opportunité pour me barrer de chez moi pendant 2 jours, et essayer de faire une nuit complète.

en ce moment c’est plus que motivant.

avec la culpabilité qui va avec.

d’imaginer la nuit qui se profile.

avec les 2 qui vont sengueuler pcq « papa il sait pas faire »

pas le choix de me faire violence et d’apprendre à me séparer, parce-que sinon j'avancerai jamais, et je serai pognée avec l’autre jusqu’en enfer.

je suis épuisée.

je vais aller pleurer un peu et je reviens.

 Ben oui, continuons.

Au cas ou ce ne serait déjà pas assez fatigant et pénible.

Je le trouvais trop malade pour un rhume lambda, alors pour la 1ere fois, Monsieur a accepté que je lui gratouille la narine avec un test et... bingo ! La petite ligne rouge.

Évidement. Un bon petit C19 v.2023.

Donc obligée de le subir pendant toute la semaine.

Mais au-se-cours.

 10h30 ish ce matin :

Après avoir tourné autour de mon niveau d’exigence, qui m'épuise moi, et que j’ai peur de transmettre à Rollinus, et qui finalement est devenu une angoisse qui me joue dans la tête, elle me demande (toujours sur son ton tellement calme) « d’après vous qu’est ce que vous savez faire bien? »

Heu… aucune idée.

Je déteste ce genre de question. 

21h00

- prof Rolin: oui mais toi maman tu sais tout faire!

- oh non c’est pas vrai ça y’a plein de trucs que je ne sais pas faire 

- ah oui comme quoi? Nourrir un poulet?

Cet enfant est mon angoisse numéro 1, ma source de fatigue, ma seule préoccupation dans la vie mais aussi quelqu’un qui, je l’espère, me fera toujours rire. 

(Ça a été un autre sujet ça, avoir bien conscience qu’il faut le laisser vivre sa vie, la peur de la séparation et la complicité qui va forcément s’étioler avec l’âge)

(Sinon j’ai appris hier le décès d’un des 2 vieux architecte de mon dernier bureau à Paris. Un peu déçue de la façon dont je l’ai appris mais bon, tant pis! Arrêter de tout idéaliser dans le vie, aussi ce sera un beau progrès)

 ça va ?

bien sûr que non :)

les grèves ? des enseignants? de la santé ? ça continue of course, toujours pas d’école, c’est parfait pour la 1ere année, celle où tu apprends à lire et à écrire. Merveilleux.

Par chance sa garderie reprend des anciens donc il a retrouvé ses potes de y a 2 ans. 

Y a eu spectacle de noël et cadeaux, et activités c’est quand même plus sympathiques que de rester à la maison à se faire engueuler toute la journée pcq tu déranges.

Le covid 2023? c’est un carnage, y en a partout, tout le monde est malade.

Party de Noël la semaine prochaine. Pour une fois que je voulais y aller… 1 chance sur 2 que je sois malade.

Le boulot? stress intense d’avant les vacances. Super saoulée et énervée par des gens, mais pas "mes" gens. 

Eux tout va bien. Bien mieux que l’année dernière.

A la maison? ​horrible.

Prof. Rollin est en Œdipe à fond les ballons. Donc l’autre le vit mal, c’est conflit et engueulades du matin au soir, et je suis au milieu à faire la police. Impossible de les laisser ensemble 5 min, je n’ai pas 1 min de repis. Merveilleux.

C’est bientôt les vacances ?

Super oui, mais c’est pas reposant donc non merci.

Je ne sais pas quoi dire quand j’arrive.

J’ai l’impression de tourner en rond.

De parler de sujets vides et sans intérêt.

Alors elle a lancé le fameux « est-ce que vous rêvez? »

Pas de chance Maryse, non je ne rêve pas. Enfin je ne m’en souviens pas.

Sauf quand j’ai trop bu.

D’alcool.

Ce qui ne fait plus vraiment partie de mon quotidien.

Donc non je ne peux rien répondre à cette question, je ne peux pas ouvrir la conversation.

Ça y est, ça fait 10 ans.

Que je suis arrivée ici.

Me rappelle de tout. De ma déception de voir aussi peu de neige le 1er jour.

De ma surprise quelques jours après de voir autant de neige tomber en une nuit.

10 ans après, les 30 cm sur le trottoir ne m’émeuvent plus vraiment. Je continue à trouver ça beau.

Mais relou quand même.

Mais beau, surtout la nuit. Le ciel est clair ça met une belle ambiance.

Mais c’est relou tu peux pas marcher, t’as le vent dans la face, la petite neige de merde qui te rentre dans les yeux.

Tout est chiant.

Et malgré l’éloignement, malgré l’envie qui ne diminue pas d’aller à Paris en février prochain, malgré le prix que ça coûte de prendre l’avion pour une pauvre semaine, malgré la bouffe pas bonne, malgré le vin trop cher, je ne vivrais nulle part ailleurs qu’ici.

Malgré le froid, malgré la neige, j’aime et c’est chez moi ici.

ça y est, j’ai comme un relent de nostalgie en ce moment, un petit sentiment de manque.

l’ambiance des fêtes sûrement…